Avec sa forme très classique et traditionnelle, digne des œuvres du début du vingtième siècle — l’écrivain Xavier-Marie Garcette rend hommage à ses lectures favorites. Ici, il se fait plaisir avec la rédaction d’une fiction historique au demeurant très probable et crédible. Certes, l’auteur met un point d’honneur à déclarer que la famille de Saint-Sozy n’a jamais existé. Pourtant, le roman Le marquis de Saint-Sozy : Un aristocrate quercinois au siècle des Lumières offre une véritable plongée dans le XVIIIe siècle français. Pour l’occasion, Monsieur Garcette a choisi de retracer la vie de son héros, François. Le jeune noble est l’héritier d’une longue lignée d’origine italienne, récompensée par le roi de France. Enfant, le protagoniste a grandi dans le Sud-Ouest. Avec une forme très immersive, un style compréhensible et à la portée intergénérationnelle, l’œuvre affiche de nombreuses descriptions fidèles des lieux évoqués, notamment concernant la Dordogne. Dans cette aventure à la fois tragique et parfois humoristique, le héros fait la rencontre de Louis XV, alors roi de France établi à Versailles. En quittant cette campagne sereine et calme, François ne s’attendait pas à autant de bruit et d’effusions. Son oncle Emmanuel de Noailles le prend même sous son aile et l’invite dans son « hôtel », c’est-à-dire une sublime demeure construite en 1687. La famille Noailles est moderne. L’épouse Marie-Louise a mis au monde deux enfants : Charles et Catherine. Rapidement, François occupe le rôle de percepteur et enseigne le latin à ses cousins. Lors de son séjour parisien, François croise le chemin d’illustres chercheurs dont Buffon ou le mathématicien Clairaut. À cette époque où les avancées scientifiques gagnent en popularité, le pouvoir de l’Église s’atténue doucement. La foi catholique est même moquée par les élites, qui se plongent dans la philosophie.

En fait, François est séduit par ses lectures et cette nouvelle façon de voir le monde. Même s’il n’est pas d’accord avec Voltaire, qu’il juge blasphématoire, la découverte de la philosophie des Lumières éveille en lui un intérêt intellectuel pour la politique par exemple. D’après lui, le modèle monarchiste parlementaire est le meilleur qui soit. Un despotisme éclairé, qui trouble François. Ce qui est particulièrement difficile à encaisser pour lui, c’est bien le train de vie outrancier de ses compagnons courtisans et autres nobles. Il s’interroge, toujours très proche des lieux de culte qu’il fréquente souvent. Un jour, il fait même la rencontre d’une belle jeune fille qui lui rappelle la Vierge, Anne de La Popelinière. Malgré un père peu appréciable, le coup de foudre est au rendez-vous. Cette rencontre scelle son destin, puisqu’Anne et François se marieront. Ensemble, ils auront plusieurs enfants qu’ils élèveront au château de Saint-Sozy : Jean, Jacques, François, Catherine et Marie-Blanche… Cinq héritiers potentiels, pour faire survivre la lignée. Malheureusement, de nombreuses tragédies se succèdent. D’ailleurs, le grand-père de ces petits n’a pas encore pris le temps de se déplacer et de visiter sa propre fille. À l’occasion, ce dernier — à l’esprit frimeur, souhaite impressionner son beau-fils en exhibant une jeune femme, une esclave noire appelée Awa. Loin d’être aussi cruel, le couple noble vivant à Saint-Sozy décide de la protéger. Petit à petit, les personnages disparaissent, tandis que d’autres réapparaissent brièvement. Une ambiance glaçante, étouffante prend d’assaut le château qui perd en couleur… Mais la venue d’un des plus grands musiciens de l’Histoire sur le territoire français va considérablement bouleverser le quotidien à Saint-Sozy. En effet, Wolfgang Amadeus Mozart va devenir l’hôte privilégié de François et Anne, en compagne d’Élisabeth Vigée-Lebrun. Leur séjour dans le Sud-Ouest est l’occasion de fêter, danser, retrouver un peu l’innocence de la jeunesse.

Malheureusement, les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent. Comme si la noble famille de Saint-Sozy était vouée à disparaître dans des conditions sordides. Petit à petit, la Révolution progresse. La guerre à raison de nombreux individus qui meurent pour la gloire des puissants. En plein cœur de ce conflit meurtrier, mais intrinsèquement lié à la création de la République actuelle, les personnages principaux connaissent tour à tour réussites et échecs.

Xavier-Marie Garcette parvient à instaurer une ambiance typique du siècle des Lumières, en racontant l’existence d’un homme d’exception. À la fois rebelle, conservateur, pieu, passionné, audacieux et intelligent, François présente des caractéristiques positives et des qualités indéniables. Pour preuve, il se montre bienveillant à l’égard de son épouse qui traverse bien des peines ainsi qu’envers une femme esclave. Un père aimant et difficile, qui assume de nombreuses responsabilités depuis sa plus tendre enfance.

Finalement, le roman Le marquis de Saint-Sozy : Un aristocrate quercinois au Siècle des Lumières incarne l’authenticité d’un livre classique. Un regard sur une France bouleversée par les crises sociales, une soif d’humanité et l’urgence de penser autrement, plus large et différemment. Petit à petit, la famille Saint-Sozy prend conscience qu’une page est en train de se tourner pour la royauté… Mais il est bon d’entretenir la mémoire et surtout de protéger certaines traditions. En apprendre plus sur l’Histoire, c’est s’assurer de respecter l’avenir.

Le site de l’auteur : https://xaviermarie-garcette.fr/

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