Dans « Bella Ciao Istanbul », Pierre Fréha nous raconte l’histoire de Danilo, un expatrié français qui va s’installer à Istanbul, dans un quartier de la ville historique, mais aussi très conservateur. En période de pandémie de coronavirus, le personnage principal se retrouve bloqué sur place, alors qu’il souhaiterait quitter ce pays qu’il a tant aimé mais que désormais, il en vient à détester !

Ce livre de Pierre Fréha possède ce quelque chose qui fait qu’une fois notre lecture entamée, on a envie de lire la suite car on veut savoir ce qu’il va advenir du personnage principal, et comment il va se sortir de ses problèmes, car des problèmes, il en a plein ! Danilo, après une altercation avec un employé d’une compagnie aérienne, en arrive à avoir des différends avec les autorités locales. C’est le début de la dégringolade et des problèmes qui vont s’accumuler et qui vont lui donner envie de quitter la Turquie, lui qui l’aimait pourtant de tout son cœur ! En effet, si Danilo a décidé de s’installer à Istanbul, c’est parce qu’il aime ce pays. Il a beaucoup voyagé et travaillé en tant que médecin, et a décidé de poser ses bagages. Mais après deux années de belle vie à découvrir les beaux aspects du coin, il en découvre désormais l’autre face.

J’ai beaucoup aimé lire ce livre car, d’une part, comme je l’ai dit plus haut, on a sans cesse envie de découvrir ce que cache la page suivante : Danilo s’attire toujours plus de problèmes, aussi bien avec les autorités qu’avec son entourage, et on se demande toujours quand est-ce que ça va vraiment mal tourner, car il va de plus en plus loin dans ses critiques du système et devient de plus en plus colérique. D’autre part, l’auteur a un style d’écriture très direct, vif, parfois même provocant voire choquant. La narration est faite à la première personne, ce qui permet à l’auteur de partager les impressions, les ressentis et même les pensées du personnage. Il n’hésite donc pas à dire ce qu’il pense franchement. Les dialogues sont acerbes, et on a parfois l’impression que le personnage de Danilo cherche les ennuis exprès afin d’essayer de mettre à mal ses interlocuteurs pour les faire réagir. Parmi ces ennuis, on peut citer le fait que les autorités cherchent à trouver les auteurs du sabotage de l’appel quotidien à la prière qui a été remplacé par la célèbre chanson italienne « Bella Ciao », et forcément, vu son passif, les policiers le soupçonnent de faire partie des révolutionnaires. Il faut noter que cette histoire de sabotage est un fait réel et, comme beaucoup d’autres événements relatés ou historiques dans ce livre, ils ont été parfaitement intégrés à la fiction.

« J’étais furieux. Le fait d’habiter à moins de cinquante mètres de l’édifice controversé redoublait ma colère. Le sentiment d’impuissance m’était insupportable. La vie continuait dans l’indifférence totale des riverains. Le passé était gommé. L’entre-soi dans toute sa splendeur. On évite jusqu’au contact mémoriel avec ceux qui ne font plus partie du groupe. »

Mais malgré toute cette tension, malgré tout ce qui arrive à Danilo, « Bella Ciao Istanbul » est une véritable déclaration d’amour à la Turquie, même s’il s’agit d’un amour qui a déçu. Cela peut paraître paradoxal et pourtant, c’est bien ça. Pierre Fréha aime la Turquie et ça se ressent dans ses lignes. La lecture est très fluide et l’écriture très accessible. Cependant elle n’est pas à mettre entre toutes les mains car les propos peuvent être parfois abrupts.

Le site de l’auteur : http://istanbul-bellaciao.fr/

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